La 16eme édition des Assises Nationales de la Protection de l’Enfance s’est achevée. Nous y avons accueilli 2300 participants (dont 1500 en présentiel). Beaucoup de temps forts et riches en termes de partage de connaissances, d’expériences, de réflexion, et d’émotion.

L’ouverture par Boris Cyrulnik, bien qu’en vidéo, a donné le la d’une première séquence très instructive sur ce qui se joue dans les 1000 premiers jours de l’enfant. Impact du stress des parents sur les interactions relationnelles et le développement du bébé né ou à naître, importance de disposer de figures d’attachement sécurisantes dans les 1000 premiers jours, rôle des acteurs de la prévention et de la protection pour agir au plus vite autour de l’enfant en situation de vulnérabilité…Le Pr Laurent Storme, le Dr Lauriane Vulliez, le Dr Daniel Rousseau, ou encore l’éminent chercheur québécois George Tarabulsy, ont partagé des éléments de connaissance essentiels avec l’auditoire.

Ensuite, Carole Mendy et Aurélien Amsellem, deux parents ayant participé à la recherche-action « Construire ensemble la politique parisienne de protection de l’enfance » (Copa75) coordonnée par Hélène Join-Lambert, chercheure à l’Université de Paris- Nanterre ont livré leur regard à la fois franc et respectueux sur les immenses progrès qu’il reste à faire dans les relations entre travailleurs sociaux et parents en protection de l’enfance : meilleure information et communication, considération plus forte dans les relations, respect des droits de l’enfant, établissement du projet pour l’enfant, …le message, très important, mais pas toujours facile à entendre, semble avoir été bien reçu par l’assistance et alimentera sans nul doute les analyses de pratique sur le terrain. Soazig, mère de famille également confrontée dans son enfance, comme dans sa vie d’adulte, aux services de la protection de l’enfance, a contribué aussi puissamment à l’interpellation des professionnels sur l’importance de l’écoute des parents en détresse trop souvent seuls, et aux précautions à prendre pour éviter que le parent aidant ne se retrouve le plus acculé par un système trop rigide.

Christian Haag, auteur de l’ouvrage “Le murmure des démons” (ED Nombre 7) qui fut confié nourrisson à une pouponnière puis à différents services jusqu’à sa majorité, a quant à lui insisté sur l’importance de penser le projet de vie des enfants manifestement délaissés sans trop attendre, pour leur offrir un cadre de vie stable et sécurisant le plus tôt possible, et leur épargner la souffrance d’un provisoire qui dure de manière incompréhensible pour un enfant. Et qui laisse des traces profondes, un syndrome abandonnique qui ne quitte pas ceux qui sont concernés.

Après ces moments forts, Claire Meyer, Estelle Sohier et Geneviève Pagé,  nous ont emmené en voyage dans leurs systèmes d’accompagnement des parents et des enfants en Belgique et au Québec.  De quoi piocher des éléments inspirants pour la pratique, et éclairants pour la réflexion comme le travail sur la définition des négligences mené par Carl Lacharité, à l’origine de plusieurs travaux et démarches de référence au Québec comme les Maisons des Familles.

Les cinq ateliers, préparés et dirigés par des animateurs de haut niveau (Marie-Agnès Féret (Odas), Catherine Claveau-Milanetto (EPE), Magali Fougère-Ricaud (ONPE), Philippe Fabry (Cnahes) et Laurent Sochard (Psychosociologue, accompagnateur de démarches participatives), ont aussi constitué des temps forts de réflexion et de partage grâce aux questions du public présent et à distance. Sans compter l’apport du Dr Anne Raynaud (Institut de la Parentalité) qui, au fil des plénières et en atelier, a apporté son grain de sel de terrain saveur théorie de l’Attachement.

Enfin, trois jeunes artistes bourrés de talent – le designer Sami Nouri, la chanteuse Shadéblauck et le trompettiste Tom alias Skagen, grand prix du conservatoire de Marseille du haut de ses 17 ans –  nous ont apportés de magnifiques émotions dans la table ronde finale quand ils ont évoqué leur parcours en protection de l’enfance, l’engagement des professionnels qu’ils ont croisés et leurs projets d’avenir. 

C’est avec nos musiciens virtuoses que l’on s’est dit au revoir sur un air de trompette qui disait “I’m still standing”.

Merci à tous ceux qui nous ont aidés à construire ces Assises : intervenants, animateurs des ateliers, partenaires du comité de pilotage, bénévoles de la Fnadepape, de Repairs !, de Speak !, jeunes étudiants de l’Ecole numérique des Apprentissages (ENA), de la PJJ, exposants, et bien sûr un grand grand merci au public impliqué et attentif.